Ash Kidd, obsession mélancolique
L’opinion générale sur notre génération veut que nous soyons tous des idiots, non cultivé, sans aucune référence littéraire. Le rap? une production organisée de médiocrité intellectuelle. A cela j’ai une liste d’artiste à répondre, parmis eux Ash Kidd, et parmis son oeuvre Parfum.
Nous sommes en Lorraine, circa 2011, Sarah est en seconde et comme tout les élèves de France, en seconde elle se lance dans la préparation du bac de français. Pour ceux qui sont encore assez jeunes ou assez intéressés pour s’en souvenir; en seconde, en français on travail sur le roman, et les mouvements du réalisme et du naturalisme. Germinal, Zola et les Rougon-Macquart et tout ce tralala. Et pour l’une des première fois dans l’existence insignifiante de tous les élèves de lycée de france, non seulement ça parle de chair de l’une et de la courbe du boobs de l’autre, ça parle aussi de possession, de CUL. Dois-je rappeler le stade d’évolution des élèves de seconde? Des hormones sur converses!
Mais bien que tout à fait chamboulant de partout, je me rappelle que lire ces textes m’a touché, parce que c’était la première fois que je lisais des auteurs décrivant le corps de la femme, décrivant LA femme avec tant d’intensité. C’était une approche artistique, comme s’ils avaient pensé des heures à chaques parcelles de peau de leur muses pour infuser un peu de son essence dans leur personnages. Que quelqu’un oses décliner le rang d’artiste à Zola ou Maupassant!
Nos parents, grand parents, oncles et tantes aux repas de famille se font une joie après le 5e Chablis d’expliquer en détails que la génération d’aujourd’hui ne sait pas travailler, n’a pas de culture, ne sait pas apprécier l’art et est incapable de prendre la relève de ceux qui ont fait de la France cette icône internationale. Les mêmes qui portaient des épaulettes et caniches pour coupe de cheveux, mais je m’écarte du sujet.
Le sujet étant, Claude Bourgeois, aka Ash Kidd. Et tout particulièrement son titre de 2016, Parfum. Dans ce titre, il décrit ses nuits folles avec une femme dont le parfum semble le captiver. Dans le récit de ces nuits, ils nous donnent des flashs, des aperçus. Comme si les souvenirs de ces petites pièces de vie tournaient en boucle dans sa tête pour toujours. La sonorité ultra mélancolique, particulièrement à l’évocation du dit parfum laisse notre imagination faire le reste. Tout l’art de Ash Kidd c’est de nous faire voir avec des sons, à mon avis en tout cas. Tous ces flashs pour moi c’est comme un album photo géant dont il nous montre une partie précieusement sélectionnée. Rien d’étonnant quand on sait qu’en plus d’écrire ses paroles et de faire ses beats, il est aussi photographe.
La puissance d’un art, d’après cet odieux prof dans desperate housewives en tout cas, c’est la part de lui que l’artiste est prêt à donner pour son art. Au lieu de se vanter du nombre de fessiers sur lequel il a déposé son ADN (big up à MZ), tel Zola, il partage la vérité de ses conquêtes, crue. Sa nostalgie, ses peines, mais surtout et toujours son admiration profonde pour les femmes. Il ne n’essaye pas d’enjoliver une réalité, il la décrit simplement avec doigté. C’est en tout humilité qu’Ash Kidd fait son petit bonhomme de chemin, pas besoin de clamer le succès quand on a un don réel.
Peut-être que c’est trop de nuits passées avec mon chat comme seul compagnon, mais cette description de la femme, sans rien d’autre que de l’honnêteté, de l’admiration et de la profonde fascination, ça m’emporte.
L’art n’est pas mort papa, maman, il est juste plus honnête et plus pur que Johnny.
Les petites paroles pour vous donner l’eau à la bouche:
Elle est née un soir d’hiver
Cocaïne dans mon parc
Crack dans le nez
J’chante que des poèmes dans mon bat’
On sortait même tous les soirs
Paie des faits d’ivresses
Mais qu’est-ce que je pourrais faire pour elle?
Elle a de la magie dans les yeux
Des tonnes de couleurs dans les tresses
Du pognon dans ma veste
En polo dans la tess’
Surligne ton prénom dans ma thèse
Et les mecs qu’est-ce qu’il en reste?
Un poison pour la peste
Un démon dans la messe
Une bombe en plein coeur de Budapest
J’me pique à l’héro et j’encaisse
Pour que tu deviennes ma princesse
J’ai cherché de la coke dans l’Everest
J’pourrais pas remplir ma veste
Toujours dans la fête, ton parfum sur moi
À remplir des verres, danser jusqu’à 4 heures du mat’
J’vois les erreurs qu’on a fait
Un cœur noir sur la Terre
Les crimes qu’on a pas su commettre
Mais toi t’as fait brûler le mat
J’me demande si tu rêves encore
Poser tes mains sur mon corps
La nuit j’te vois, la nuit j’adore
La vie me noie mais je deale encore
(Ton parfum) x2
(Sentir ton parfum)
[Couplet 2]
Ok, ok, monte dans ma tire, ma tire
L’argent et toi, y’a que ça qui m’attire, m’attire
J’te vois recouverte, noire de saphir
J’veux partir, je sais que les autres aimeraient que ça tire
Sur ce qu’on veut bâtir
Mais la nuit t’es toute à moi
On peut rien te refuser
Je nous imagine dans le noir
Ou dans le feu d’une fusée
Rien à foutre de ces chicks
J’suis déjà épuisé
J’parle de toi qu’à Dieu, il pourra pas mépriser
Tous les flags qu’on a hissé
Minuit dans mon bat’, une heure dans ton lit
J’réécris l’histoire que les autres aimeraient qu’on lise
On fume de la drogue, on traîne dans la ville
Quand vient la nuit, on baise, on casse un gramme
On meurt, on répète
À deux sous les draps
Quand se fait sentir la tempête
Y’a des billets sous la table
On fuit quand tout semble bête
Crache ton parfum sur la flamme
On prend la poudre d’escampette
J’veux ton parfum, ton parfum